Edito 2023 – Si nous ne prenons pas soin de nos commerces de proximité et de nos associations, qui le fera à notre place ?

Chers membres de la communauté Cigogne,

Un changement d’année est l’occasion de vous souhaiter le meilleur : une santé de fer, des relations sociales et familiales épanouissantes, la réalisation de vos aspirations profondes et de vos souhaits personnels et professionnels. C’est aussi une parfaite occasion de dresser un bilan de l’année écoulée et de se projeter ensemble dans l’avenir. Vous constaterez en lisant cette infolettre que nous sommes proches des hypothèses présentées lors du forum du 12 février 2022 et nous pouvons nous en féliciter.

Mais soyons clairs, la période est morose et potentiellement fatale à court et moyen terme pour certains professionnels du réseau. Il n’est pas un jour actuellement sans annonces des difficultés financières ou de la fin d’activité d’une épicerie de quartier, d’un magasin vrac, d’un café associatif…

Difficile donc de rester optimiste, lorsque l’on est un particulier et l’on fréquente depuis quelques semaines ou plusieurs années déjà ces lieux inspirés et de soutenir ces femmes et ces hommes qui portent une partie de la solution pour une économie responsable et mesurée lorsque les revenus stagnent ou diminuent.

Difficile donc de rester optimiste, lorsque l’on est entrepreneur et que l’on s’engage depuis plusieurs années à produire pour consommer autrement sans compter ses heures et souvent au prix d’énormes sacrifices et que le compte n’y est plus.

Difficile donc de rester optimiste, lorsque l’on est responsable associatif ou administrateur et que l’on constate l’essoufflement manifeste du bénévolat et la raréfaction des ressources financières alors que les besoins sociaux explosent. 

Difficile donc de rester optimiste, lorsque l’on est élu de proximité et que l’on doit annoncer aux administrés des coupes budgétaires tous azimuts pour faire face à l’explosion des coûts de l’énergie et des matières premières. 

Que faire alors ?

Il y a deux niveaux de réponse à cette question : la dimension individuelle et la dimension collective. Individuellement d’abord, chacun peut se questionner une nouvelle fois sur ses actes d’achats, sur les leviers d’action en temps, en compétences, en argent qu’il possède pour aller un cran plus loin dans le soutien à celles et ceux qui répondent par leur activité à nos préoccupations pour bien vivre aujourd’hui et demain. Il reste certainement des marges de progrès pour chacun d’entre nous. Vous pouvez par exemple consulter l’historique de votre compte CigoPay, de votre compte « bonus association » et identifier à cette occasion le nombre d’enseignes du réseau fréquentées tout au long de l’année. Une bonne résolution pour 2023 pourrait être d’accroître encore votre soutien en privilégiant à chaque occasion les enseignes du réseau. Cette démarche est valable pour toutes et tous, en tant que personne aussi bien qu’en tant que professionnel, qu’il s’agisse d’une entreprise, d’une association ou d’une collectivité. À vous de décider à quelle hauteur vous pouvez et vous souhaitez vous engager. Pour aider le collectif à continuer dans la bonne direction, votre bilan Cigogne 2022, qui ne prend pas plus de 5 minutes, nous sera particulièrement utile.

Au regard de la situation, il ne semble plus possible de rester dans son coin et de se contenter de « faire sa part ». La dimension collective est donc à interroger et à prioriser. Vers quoi voulons-nous tendre ensemble ? Quels sont nos intérêts communs ? Comment pouvons-nous nous organiser pour non seulement contribuer à la subsistance de nos commerces et de nos associations de proximité mais aussi penser leur prospérité à long terme ? Il est temps d’investir les outils et leviers structurants à notre disposition et qui relèvent de l’esprit coopératif. C’est le credo de l’association La Cigogne depuis 6 ans maintenant. Mais de quels leviers collectifs disposons-nous ?

Le premier levier est le plus précieux : notre communauté de personnes, d’intentions et de projets, convaincue que les solutions passent par plus de coopération. Ne pourrions-nous pas nous appuyer sur les expériences réussies des AMAPs pour construire des alliances entre consommateurs et producteurs sur le temps long et garantir un niveau d’achats suffisant pour maintenir notre tissu productif en activité ?

Le deuxième levier est le réseau d’enseignes à privilégier chaque fois que possible. Il faudra être ambitieux pour doubler ce nombre dans les prochains mois. 

Le troisième levier est la monnaie cigogne en elle-même qui permet de capter et de maintenir une partie de la monnaie en circulation sur nos territoires de vie et sa fonction de « bien réseau » qu’il est indispensable de rappeler ici : plus il y aura de cigognes en circulation et plus il y aura de transactions réalisées, plus les effets bénéfiques seront sensibles et nombreux.

Le quatrième levier est le collectif bénévole sans lequel tout cela ne serait pas possible, cet édito est l’occasion de les saluer et de les remercier une nouvelle fois pour leur engagement. Un chantier prioritaire sera d’aller chercher les fonds nécessaires à la professionnalisation du développement du réseau d’enseignes et de la coordination des actions

D’autres leviers existent certainement par ailleurs. Pour ce début d’année 2023, plusieurs rendez-vous conviviaux et temps de travail sont déjà prévus. Votre participation est bienvenue pour oxygéner et bonifier les actions envisagées en tant qu’utilisateur, professionnel, bénévole ou simple contributeur. 

Pour clore cet édito, un rappel est de rigueur : si nous ne prenons pas soin de ce réseau d’enseignes engagées dans une économie plus soutenable, qui le fera à notre place ?

Franck ARGAST
Référent légal de La Cigogne

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